
Repousser les limites de la vitesse en montagne: FKTs dans les Alpes
Les Fastest Known Times sont une lentille moderne sur un instinct ancien : tester la vitesse face au terrain et aux conditions météorologiques. Que ce soit en trail, ski-alpinisme, ultra-cyclisme ou escalade alpine, un FKT est un moyen clair de mesurer une question brute, souvent audacieuse : à quelle vitesse un itinéraire donné peut-il être parcouru selon des règles et conditions acceptées ?
Les Alpes se prêtent particulièrement bien au phénomène FKT. Les arêtes et cols concentrent l’effort en gains verticaux et horizontaux mesurables ; les glaciers et champs de neige introduisent des variations saisonnières et de modalité (course à pied vs ski) ; et la longue histoire des traversées classiques et des faces nord offre aux athlètes un ensemble prêt à l’emploi de « repères » — la Haute Route, le Tour du Mont Blanc, les GR, la Route des Grandes Alpes et les six grandes faces nord. Au cours des dix dernières années, les progrès en matériel léger, navigation GPS et logistique ont compressé des objectifs auparavant de plusieurs jours en efforts d’une journée ou d’une seule nuit, produisant une nouvelle couche de performance qui se situe, de manière fascinante et parfois inconfortable, entre course, aventure et alpinisme.
Mont Blanc : l’objectif qui se redéfinit sans cesse
Le Mont Blanc a toujours été à la fois un sommet et un étalon. Pour les FKTs, son intérêt est à la fois quantitatif (distance et dénivelé depuis Chamonix) et situationnel : les glaciers et séracs de la montagne changent chaque année, et la ligne choisie fait une énorme différence.
Deux des repères récents les plus clairs datent de mai 2025. Le 24 mai 2025, Benjamin Védrines a effectué l’aller-retour depuis l’église de Chamonix jusqu’au sommet et retour — via l’approche des Grands Mulets — en 4:54:41. L’effort de Védrines est remarquable à la fois pour le temps et pour l’approche mixte (course, ski-alpinisme et transitions rapides). Fastest Known Time+1
Plus tôt dans le mois, le 16 mai 2025, Élise Poncet a établi un nouveau FKT féminin pour le même aller-retour sur skis : 6:54:47. Sa performance a été largement rapportée et est notable pour être significativement plus rapide que les tentatives féminines précédentes sur ski, et pour montrer comment le mode ski redéfinit ce que « rapide » peut signifier sur le Mont Blanc. Fastest Known Time+1
Le contexte est important : les ascensions célèbres à pied du Mont Blanc par Kilian Jornet dans les années 2010 ont produit des temps dans la même fourchette (environ cinq heures pour un aller-retour Chamonix–sommet–Chamonix selon l’itinéraire et la saison), mais comparer un FKT avec ski à un FKT uniquement à pied est un comparatif inexact à moins que la discipline ne soit précisée. Les FKTs dans les Hautes Alpes nécessitent donc une définition précise des règles : point de départ, point d’arrivée, variantes d’itinéraire et assistance autorisée. Le Mont Blanc pousse cette discussion, car les conditions (couverture neigeuse, danger des séracs, crevasses) affectent à la fois la vitesse et la sécurité. Fastest Known Time+1
Traversées longues : le GR5 / Grande Traversée des Alpes
La « vitesse » sur de longues routes alpines est autant un art logistique qu’un talent physique. La Grande Traversée des Alpes (GTA) — la portion sud du GR5 reliant Thonon (Lac Léman) à Nice — en est un archétype : plus de 600 km, des dizaines de milliers de mètres de dénivelé, des villages et points de ravitaillement, et de nombreuses permutations saisonnières.
Différents athlètes ont adopté des styles très différents. Louis-Philippe Loncke a enregistré un parcours non assisté en 23 jours 23 heures 48 minutes en 2023, partant de Nice et arrivant à Thonon en un peu moins de 24 jours. Son effort montre l’échelle temporelle d’un record de vitesse en randonnée alpine auto-suffisante : long, logistique et vulnérable aux conditions météorologiques ou aux fermetures de sentiers. Fastest Known Time+1
D’autres athlètes ont abordé le même corridor avec un rythme plus agressif et un soutien, produisant des temps nettement plus courts. Le point pratique pour les lecteurs : sur les FKTs de longues routes, le style définit le défi. Les tentatives non assistées échangent le luxe d’une équipe de soutien pour la pureté et l’autosuffisance stricte ; les tentatives assistées permettent des horaires plus rapides mais sont jugées différemment par la communauté FKT. Le GR5/GTA est autant une étude de stratégie — ravitaillement, discipline du sommeil, choix de la route — qu’une étude d’endurance.
Enchaînements et le problème de l’échelle : les 82 sommets à 4000 m de Kilian Jornet
La forme qui a le plus élargi l’imaginaire des FKTs alpins ces dernières années est l’enchaînement long, multi-sommets : relier des dizaines d’objectifs classiques en une campagne continue.
Fin août 2024, Kilian Jornet a réalisé un projet souvent décrit comme les « 82 sommets alpins à 4 000 m » — en reliant les 82 sommets traditionnellement reconnus des Alpes à 4 000 m en 19 jours (19 j 16 h notés dans certains logs) uniquement par la force humaine, en combinant course à pied, alpinisme et vélo entre les massifs. Le projet de Jornet se distingue par son ampleur : plus de 1 200 km et plus de 70 000 m de dénivelé ont été enregistrés, avec une majorité écrasante de l’effort réalisée à pied. L’opération a bénéficié d’un soutien logistique, mais a exigé une concentration quotidienne sans relâche et une gestion du sommeil extrêmement stricte. Fastest Known Time+2Reuters+2
Pourquoi un enchaînement compte-t-il dans la conversation sur les FKTs ? Parce qu’il redéfinit « rapide » non pas comme un sprint point à point, mais comme un modèle d’alpinisme d’endurance où le choix de la route, l’efficacité des transitions (y compris le micro-sommeil) et la connaissance locale font la différence entre le faisable et l’impossible. Le projet de Jornet montre également que les FKTs modernes chevauchent souvent plusieurs disciplines : course, vélo, escalade et parfois ski — et que la communauté FKT accepte désormais des définitions hybrides lorsque les règles sont explicites.
Route et vélo : Route des Grandes Alpes sur deux roues
La vitesse en montagne ne se limite pas aux singletracks ou aux glaciers ; sur le bitume, les Alpes offrent leur propre défi. La Route des Grandes Alpes — un classique parcours de cols hauts du lac Léman à la Méditerranée — est devenue un objectif phare pour les ultra-cyclistes.
En septembre 2024, Thibaut Clément a parcouru l’intégralité de la Route des Grandes Alpes (Thonon → Nice) en 38:46:56, enregistrant l’un des temps les plus rapides connus pour un parcours entièrement auto-suffisant et continu, et parcourant plus de 700 km avec plus de 17 500 m de dénivelé. Les canaux officiels de la Route des Grandes Alpes et la couverture associée ont documenté le trajet et l’ont présenté comme une référence contemporaine pour cet itinéraire. en.routedesgrandesalpes.com+1
Les FKTs cyclistes diffèrent des FKTs montagneux par la manière dont les conditions routières, les fenêtres de trafic et les tactiques de descente affectent les résultats. Un vent de face sur un col peut coûter des dizaines de minutes ; un col fermé force des détours. Comme pour les FKTs à pied, l’athlète qui intègre la météo, la nutrition et la technique de descente dans son plan a le plus de chances de réussir.
Les faces nord : escalade technique rapide
La vitesse sur les itinéraires alpins techniquement difficiles a produit certains des records les plus spectaculaires des Alpes. La succession d’ascensions rapides de Dani Arnold sur les grandes faces nord reste un cas de référence : en 2011, il a gravi en solo la face nord de l’Eiger (voie Heckmair) en 2:28, un temps qui a battu les prédécesseurs et établi une nouvelle norme de vitesse sur de grandes parois techniques de glace et de rocher. Plus tard, en 2015, Arnold a gravi la face nord du Cervin (voie Schmid) en 1:46, un autre temps de référence. Ces ascensions illustrent un calcul différent de la vitesse : la connaissance de la route et des conditions parfaites l’emportent sur la simple condition physique. planetmountain.com+1
La vitesse sur les faces nord se situe à une croisée morale et éthique : les itinéraires sont dangereux et souvent dominés par des risques objectifs. Lorsque les athlètes cherchent des records, il y a une pression pour choisir des conditions parfaites, ce qui fait partie de l’art, mais il existe également un risque que l’éthique de la vitesse normalise les courses par mauvais temps. La communauté d’escalade débat de la limite entre courage et imprudence ; les FKTs sur les faces nord rendent ce débat inévitable.
Tendances, technologies et évolutions récentes
Quelques tendances claires expliquent l’accélération des FKTs dans les Alpes :
• Combinaison de disciplines. Les FKTs hybrides ski et course (comme les récents exploits au Mont Blanc) montrent comment les skis peuvent réduire le temps de descente et, dans certaines saisons, celui de l’ascension. La communauté FKT accepte désormais les étiquettes de discipline (pied, ski, vélo), car la modalité influence significativement les résultats. Fastest Known Time+1
• Logistique et sophistication du support. Les tentatives avec assistance peuvent économiser des heures ou des jours sur un itinéraire ; les tentatives auto-supportées échangent l’aide externe contre la pureté. Les athlètes et les équipes planifient de plus en plus les ravitaillements, micro-siestes, checkpoints GPS et plans de contingence avec une précision chirurgicale.
• Matériel et entraînement. Skis ultra-légers, bâtons en carbone et crampons ultralégers, associés à un entraînement en altitude ciblé et à la périodisation, permettent aux athlètes d’élite de maintenir des puissances très élevées en altitude — condition nécessaire pour compresser de grands objectifs en fenêtres de temps courtes.
• Vérification et transparence. Les traces GPS, médias horodatés et vérifications par la communauté (principalement via les registres FKT et la couverture journalistique indépendante) sont désormais la norme pour valider les performances. Cela a accru la confiance dans les listes de records mais a aussi créé des normes sur la manière dont les détails (variantes de route, points de départ, style) doivent être déclarés.
• Changements environnementaux. Le recul des glaciers, les chutes de pierres et les conditions de neige changeantes ont modifié les lignes classiques ; dans certains cas, des itinéraires autrefois simples il y a dix ans sont désormais plus longs ou plus dangereux. Cela complique les comparaisons à travers les décennies et souligne pourquoi les FKTs doivent toujours indiquer la saison et la variante de route.
Éthique, vérification et limites de la comparaison
Tous les FKTs ne sont pas comparables et tous ne sont pas également instructifs. Points clés à clarifier pour les lecteurs et challengers potentiels :
- La déclaration du style est importante. Les tentatives avec assistance, auto-supportées ou sans support représentent chacune des défis différents. Indiquez toujours celle que vous avez choisie.
- Transparence de l’itinéraire. Nommez le départ exact, l’arrivée et la variante. Un FKT « Mont Blanc » sans détails de route ou de départ est sans signification.
- Conditions. La neige et la saisonnalité modifient à la fois le temps et le risque. Les conditions glaciaires au printemps peuvent rendre les descentes rapides mais dangereuses ; les chutes de pierres en fin d’été peuvent ralentir une crête.
- Vérification. Publiez une trace GPS, enregistrez des photos horodatées et, si possible, un témoin indépendant ou un compte rendu médiatique. La communauté acceptera plus facilement les performances si elles sont reproductibles et bien documentées.
Leçons pratiques pour quiconque vise un FKT
Si vous êtes inspiré pour tenter un FKT, voici des conseils concis tirés des exemples ci-dessus :
- Choisissez votre style et assumez-le. Soyez explicite sur le fait que vous serez ou non assisté. Votre logistique détermine plus que vos gains marginaux de forme physique le temps possible.
- Maîtrisez les transitions. Pour les itinéraires hybrides (course → ski → crampons), les secondes s’accumulent lors des changements de matériel. Entraînez-vous aux transitions jusqu’à ce qu’elles deviennent réflexes.
- La météo est le concurrent invisible. Réussir un FKT signifie souvent trouver la bonne fenêtre météo, en particulier sur les arêtes exposées ou les longues sections en descente.
- Sécurité d’abord. Les bons FKTs sont rapides mais pas imprudents. Si les dangers objectifs augmentent, le choix responsable est de s’arrêter et de recommencer un autre jour.
- Documentez tout. Les traces GPS, horodatages et métadonnées ne sont pas seulement de la bureaucratie — elles sont la monnaie de la crédibilité.
Repousser continuellement les limites
Les FKTs dans les Alpes sont une étude de contrastes. Certains sont des déclarations minimalistes d’endurance — de longues traversées auto-supportées dont la valeur réside dans la constance sur plusieurs jours. D’autres sont des éclairs : des ascensions rapides en solo, des tours de sommet assistés par le ski qui compressent la tradition en quelques heures. Ensemble, ils changent notre vision de la performance alpine : non pas comme un sport unique mais comme une constellation de disciplines et de styles, chacun avec ses propres standards.
Cette hybridité est le cadeau des Alpes au monde des FKTs. Le terrain est ancien et immuable dans sa forme générale, mais en pratique, les itinéraires sont nouveaux chaque saison. Les athlètes, en poursuivant les FKTs, apprennent non seulement le rythme le plus rapide mais aussi les meilleurs choix : la bonne variante de route au bon jour, la transition qui économise des minutes, la manière de porter juste assez sans rien laisser d’essentiel derrière soi. Pour les lecteurs, les records sont à la fois un spectacle et un manuel — inspiration avec des leçons immédiatement applicables pour quiconque s’aventure dans la montagne rapide.
Sources des principaux faits cités ci-dessus
- Benjamin Védrines, Mont Blanc (aller-retour via Grands Mulets) — entrée FKT et couverture (24 mai 2025). Fastest Known Time+1
- Élise Poncet, FKT féminin ski Mont Blanc (16 mai 2025). Fastest Known Time+1
- Kilian Jornet, “European Alps 82 4000ers” link-up (août–sept 2024). Fastest Known Time+1
- Louis-Philippe Loncke, Grande Traversée des Alpes / GR5 (2023, ~23 j 23 h 48 m, sans support). Fastest Known Time+1
- Thibaut Clément, Route des Grandes Alpes (temps vélo 38:46:56, sept 2024). en.routedesgrandesalpes.com+1
- Dani Arnold — records de vitesse sur l’Eiger (2:28) et le Cervin (1:46) et autres faces nord. planetmountain.com+1
Chronologie des FKTs alpins notables
- 2011 : Dani Arnold — Face Nord de l’Eiger (voie Heckmair) en 2h 28min.
- 2015 : Dani Arnold — Face Nord du Cervin (voie Schmid) en 1h 46min.
- 2021 : Karel Sabbe — Via Alpina Red Trail en 30j 8h 57min.
- 2022 : Mario Hipleh — Alpine Passes Trail (Suisse) en 15j 15h 19min.
- 2024 : Kilian Jornet — enchaînement des 82×4 000 m en 19j 16h.
- 2024 : Thibaut Clément — Route des Grandes Alpes en 38h 46min.
- 2025 : Benjamin Védrines — Mont Blanc Aller-Retour (Grands Mulets) en 4h 54min 41s.
Règles de vérification des FKTs
- Documentation : Les traces GPS, horodatages, photos ou vidéos doivent démontrer clairement l’achèvement de l’itinéraire.
- Type de soutien : Doit être déclaré comme assisté, auto-suffisant ou non assisté selon les standards FKT.
- Conformité de l’itinéraire : Les athlètes doivent compléter la ligne reconnue de l’itinéraire ; toute déviation doit être notée.
- Soumission pour vérification : Les preuves doivent être envoyées à fastestknowntime.com pour examen.
- Transparence : Toute modification, assistance ou aide mécanique doit être déclarée.
Checklist équipement : tentative ski/course Mont Blanc
- Skis alpins légers ou matériel de ski de randonnée rapide
- Chaussures alpines compatibles escalade et ski
- Crampons et piolet léger
- Harnais, casque, corde (pour sections techniques ou crevasses)
- Traceur GPS, altimètre et outils de navigation de secours
- Vêtements minimalistes adaptés aux conditions alpines extrêmes
- Nutrition et hydratation optimisées pour un effort intense
- Bivouac d’urgence ou kit de survie
- Équipement de sécurité météo et avalanche
*Checklist adaptée des interviews de Védrines & Poncet, Le Monde 2025.*
La nouvelle frontière de la vitesse alpine
Les Alpes, avec leurs sommets déchiquetés, leurs crêtes étendues et leurs vallées glaciaires, ont longtemps été un terrain d’épreuve pour les alpinistes, skieurs et ultrarunners. Aujourd’hui, une nouvelle génération d’athlètes transforme ces itinéraires emblématiques en arènes de vitesse, repoussant les limites de ce qui peut être accompli uniquement par la puissance humaine. Les Fastest Known Times — FKTs — sont la mesure de cette quête audacieuse, documentant la réalisation la plus rapide d’un itinéraire selon des règles spécifiques de soutien et de vérification.
Des cols classiques aux sommets qui définissent la silhouette alpine, ces FKTs révèlent à la fois une endurance extraordinaire et une compréhension intime des montagnes elles-mêmes. Qu’il s’agisse de course à pied, de cyclisme, d’alpinisme ou de ski-alpinisme, les athlètes défient les contraintes du temps tout en respectant les exigences implacables du terrain alpin.
Sentiers emblématiques et records
La Grande Traversée des Alpes (GR5)
S’étendant de Nice à Thonon, le GR5 est un sentier légendaire qui traverse l’épine dorsale des Alpes. En 2021, Sébastien Raichon a établi un record en autonomie de 6 jours, 6 heures et 27 minutes, parcourant environ 620 km et 30 000 mètres de dénivelé. Deux ans plus tard, Louis-Philippe Loncke a réalisé une version sans assistance en 23 jours, 23 heures et 48 minutes, soulignant les extrêmes de la maîtrise logistique et de l’endurance nécessaires pour avancer rapidement tout en transportant tout sans ravitaillement.
Le GR5 est devenu une référence non seulement pour le temps, mais aussi pour la stratégie : coureurs et randonneurs doivent optimiser repos, nutrition et rythme sur un terrain accidenté pouvant aller des cols alpins rocheux aux sentiers verdoyants des vallées.
Défis multi-sommets : 82 × 4 000 m
L’enchaînement de 82 sommets alpins de plus de 4 000 mètres par Kilian Jornet en 2024 en 19 jours et 16 heures a repoussé les limites de ce qui est physiquement possible en haute montagne. Cet exploit, couvrant environ 1 200 km et 70 000 mètres de dénivelé cumulés, a été entièrement soutenu — un ballet logistique combinant course, escalade et cyclisme à travers plusieurs frontières nationales.
Le projet était à la fois une traversée à puissance humaine des plus hauts sommets et un exercice de tenue de registre minutieux. Le suivi GPS, la preuve photographique et les mises à jour en temps réel ont permis de vérifier l’exploit, inspirant une génération d’athlètes de montagne à penser en termes de liaison de sommets plutôt que de simples ascensions isolées.
« Le défi n’est pas seulement physique, » a déclaré Jornet dans une interview publiée. « Il s’agit de connaître intimement les montagnes, de lire la météo et de faire confiance à son propre rythme. Chaque sommet vous enseigne quelque chose sur l’endurance et la patience. »
— Kilian Jornet, 2024, publié dans ExplorersWeb
Sept sommets des Alpes : liaison autonome
Le parcours autonome de Michael Strasser en 2024, couvrant le sommet le plus élevé de chaque pays alpin, représente un nouveau type d’ambition de vitesse : combiner cyclisme et escalade pour parcourir près de 2 000 km et 20 000 mètres de dénivelé en 7 jours, 10 heures et 56 minutes. L’effort de Strasser souligne la diversité croissante des projets FKT, où plusieurs disciplines se croisent pour créer des records complexes et multidimensionnels.
Ski et vitesse : ascensions du Mont Blanc
Le Mont Blanc, plus haut sommet d’Europe, a depuis longtemps attiré alpinistes et skieurs. Le FKT ascension-descente à ski est devenu emblématique de la philosophie « fast and light ». En 2025, Benjamin Védrines a réalisé la voie des Grands Mulets en 4 heures, 54 minutes et 41 secondes, établissant le temps le plus rapide pour l’ascension-descente classique. Le repère féminin a été établi la même année par Élise Poncet, qui a complété la voie en 6 heures, 54 minutes et 47 secondes.
Ces records montrent que la vitesse ne concerne plus seulement la locomotion humaine : elle nécessite un timing précis, l’optimisation du matériel et une connaissance intime de l’environnement montagnard.
Ultra-cyclisme : Route des Grandes Alpes
Les FKTs à vélo sont également devenus un symbole de l’ambition alpine. En 2024, Thibaut Clément a complété la Route des Grandes Alpes de Thonon à Nice en 38 heures, 46 minutes et 56 secondes. Sur 720 km et 17 500 mètres d’ascension répartis sur 17 cols alpins majeurs, l’effort de Clément combine endurance brute et planification sophistiquée. En autonomie, il illustre comment les défis de vitesse s’étendent au-delà de la course et de l’escalade pour englober toutes les formes de déplacement à puissance humaine dans les Alpes.
Ascensions techniques : Salbitschijen, Cervin et les faces nord classiques
Les FKTs d’escalade rapide continuent de repousser les limites techniques. La traversée en solo de Dani Arnold des trois arêtes principales du Salbitschijen en 9 heures, 36 minutes et 55 secondes démontre la maîtrise de la vitesse et de la technique d’escalade. Son ascension solo de la face nord du Cervin (voie Schmid) en 1 heure, 46 minutes et l’ascension rapide de la face nord de l’Eiger (voie Heckmair) en 2 heures, 28 minutes soulignent comment compétence, précision et audace se conjuguent dans les tentatives alpines à grande vitesse.
Arnold déclare dans une interview :
« Sur ces parois, il n’y a pas de marge d’erreur. Il ne suffit pas d’être rapide ; il faut être absolument précis. Chaque mouvement compte. »
— Dani Arnold, Lacrux Climbing News, 2023
Sources
fastestknowntime.com (soumissions FKT, 2021–2025)
ExplorersWeb, rapports 2024–2025 sur Kilian Jornet et Michael Strasser
Lacrux Climbing News, interviews de Dani Arnold, 2011–2023
Le Monde, 25 mai 2025 — record Mont Blanc Védrines
ActuMontagne.com, 2024 — record cyclisme Route des Grandes Alpes
Running Magazine Canada, 2021 — Karel Sabbe Via Alpina FKT
Sources: fastestknowntime.com (2021–2025), ExplorersWeb, Lacrux Climbing News, Running Magazine Canada, Le Monde, ActuMontagne.
Fastest Known Times — Repères alpins
Les FKTs sont devenus la mesure discrète de la forme physique en montagne moderne — pas des cascades, mais des expressions d’une connaissance profonde du terrain. À travers les Alpes, du Mont Blanc aux Dolomites, coureurs, cyclistes et alpinistes ont discrètement établi de nouveaux repères sur des itinéraires que nous connaissons tous. Cette liste rassemble certains des FKTs les plus accessibles — des efforts qui reflètent des parcours que la plupart d’entre nous ont parcourus, gravis ou rêvés — offrant un aperçu rare de ce qui est possible lorsque précision et endurance se rencontrent.
Des itinéraires réels, de vrais athlètes, des terrains familiers. Des raids à ski aux longues traversées alpines, voici les temps qui redéfinissent ce qui est possible — et nous rappellent pourquoi aller vite et léger continue d’inspirer.
Confirmed Alpine FKTs
Elise Poncet — Mont Blanc (Chamonix round trip, skis)
⏱ 6 h 54 m 47 s | 📅 16 May 2025
Typical party: 2–3 days (hut/guided ascent + descent).
Source: fastestknowntime.com/fkt/elise-poncet-mont-blanc
Anna DeMonte — Mont Blanc (Chamonix round trip, skis)
⏱ 7 h 29 m 54 s | 📅 5 June 2024
Typical party: 2–3 days.
Source: fastestknowntime.com/fkt/anna-demonte-mont-blanc
Hillary Gerardi — Mont Blanc (Chamonix round trip, on foot)
⏱ 7 h 25 m 28 s | 📅 17 June 2023
Typical party: 2–3 days.
Source: fastestknowntime.com/fkt/hillary-gerardi-mont-blanc
Emelie Forsberg — Mont Blanc (on foot)
⏱ 7 h 53 m 12 s | 📅 2018
Typical party: 2–3 days.
Source: fastestknowntime.com/route/mont-blanc-france
Elena Fernández López — Matterhorn (Hörnli Ridge round trip)
⏱ 11 h 15 m 26 s | 📅 11 Aug 2023
Typical party: 1–2 days via Hörnli Hut.
Source: fastestknowntime.com/fkt/elena-fernandez-lopez-matterhorn
Kaylee Wilson — Montenvers → Mer de Glace (Mont Blanc massif)
⏱ 1 h 19 m 22 s | 📅 29 Jul 2024
Typical party: 2–3 h each way.
Source: fastestknowntime.com/fkt/kaylee-wilson-montenvers-mer-de-glace
William Boffelli — Mont Blanc (Chamonix round trip, skis)
⏱ 4 h 43 m 24 s | 📅 31 May 2025
Typical party: 2–3 days (hut/guided).
Source: [PlanetMountain / FKT record 2025]
Benjamin Védrines — Mont Blanc (Chamonix round trip, skis)
⏱ 4 h 54 m 41 s | 📅 24 May 2025
Typical party: 2–3 days.
Source: [L’Équipe / FastestKnownTime update 2025]
Kilian Jornet — Mont Blanc (Chamonix round trip, on foot)
⏱ 4 h 57 m 34 s | 📅 11 Jul 2013
Typical party: 2–3 days.
Source: [fastestknowntime.com / athlete page]
Andreas Steindl — Matterhorn (Hörnli Ridge round trip)
⏱ 3 h 59 m 52 s | 📅 27 Aug 2018
Typical party: 1–2 days (technical route).
Source: [PlanetMountain Matterhorn record]
Petter Restorp — Haute Route Chamonix→Zermatt (unsupported)
⏱ 20 h 26 m 32 s | 📅 11–12 Aug 2021
Typical party: 6–12 days (hut-to-hut walking/ski).
Source: [fastestknowntime.com/route/haute-route-chamonix-zermatt]
Dominique Jean — Tour du Mont Pourri
⏱ 5 h 25 m 38 s | 📅 18 Jul 2025
Typical party: 6–10 h.
Source: [fastestknowntime.com/route/tour-du-mont-pourri-france]
Rami Haddad & Fabian Rupprecht — Sella Ronda loop (trail)
⏱ 5 h 58 m 46 s | 📅 Jul 2025
Typical party: day loop (ski / bike).
Source: [fastestknowntime.com/route/sella-ronda-italy]
Yannick Lutz — Tour du Mont Blanc (MTB bikepacking)
⏱ 12 h 27 m | 📅 Sep 2019
Typical party: 2–4 days by bike.
Source: [fastestknowntime.com/fkt/yannick-lutz-tour-du-mont-blanc]
Kilian Jornet — 82 × 4,000 m peaks (link-up project)
⏱ 19 days total | 📅 Aug–Sep 2024
Typical party: 1–3 days per summit.
Source: [Red Bull / FKT press release 2024]
Classic routes, races & benchmarks (no formal FKT submission)
Tour du Mont Blanc (full loop running benchmark)
Elite running time: ≈ 20–24 h | Typical hiker: 8–11 days.
UTMB races provide best comparison data.
François D’Haene — UTMB record (time ≈ 19 h 01 m 32 s, 2017)
Typical hiker: 8–12 days for same loop.
Sierre–Zinal (trail race course record)
Philemon Kiriago — 2 h 28 m 45 s (2025 winner).
Typical hiker: 6–10 h; runner: 2.5–4.5 h.
Cycling — Alpe d’Huez record
Marco Pantani — 37 m 35 s (Tour de France 1997).
Typical cyclist: 1.5–3 h for ascent within a day ride.
Cycling — Stelvio / Gavia / Galibier fastest pro ascents
Various Strava / race times ~ 45–60 min for pros.
Typical cyclist: 3–6 h for full day loop.
Dolomites — Maratona dles Dolomites route fast times
Elite 6–8 h | Typical rider: full day.
Paragliding XC — Annecy → Switzerland / Italy distance records
Elite pilots: 100–250 km in a day under FAI/IGC verification.
Recreational pilots: single long day flight (40–80 km typical).
Mont Blanc Traversée Royale / multi-summit variants
Elite FKT style attempts exist (unsupported single-day).
Typical guided party: 2–4 days.
Matterhorn — Lion / Hörnli variation fast ascent
Kilian Jornet — 2 h 52 m (Lion Ridge variation 2013).
Typical guide party: 1–2 days.
Regional MTB loops (e.g. La Thuile / 3 Vallées / Aosta)
Elite FKTs 12–30 h depending on line.
Typical rider: 1–2 days per loop.





